Chaumont-en-Vexin : Site Darcy

L'un des plus beaux exemples du Bassin Parisien de contact Lutétien/Cuisien, (aux environs de - 46 millions d'années), visibles dans le Bassin Parisien. Un endroit où rêver des mers anciennes !
A visiter avec le Musée Raymond Pillon.

Lien vers la carte Zone H : Chaumont-en-Vexin

Aspects historique et géographique
La région de Chaumont-en-Vexin est réputée depuis le XVIIIème siècle  pour l'abondance de ses sites fossilifères d'âge Lutétien (Tertiaire, - 46 à - 40 Ma).
Le site Darcy, le seul à rester accessible aujourd'hui, en est un bon exemple. Situé dans un triangle longé par les routes de Cergy et de Liancourt-Saint-Pierre, il couvre environ 2ha. Ces terrains ont été légués à la municipalité par la famille Darcy, d'où le nom attribué au site.
Il a fait l'objet de nombreuses fouilles, notamment par Raymond Pillon, qui l'appelait "La Grande Carrière". A l'époque, l'endroit était beaucoup moins boisé. Les trouvailles de ce dernier sont à la disposition du public dans le musée qui porte son nom, sis à la mairie de Chaumont-en-Vexin. Plus récemment, entre 2009 et 2015, plusieurs campagnes de fouilles ont été réalisées par l'Association Paléontologique de l'Oise (APO) mobilisant du matériel lourd.
Il a été visité de tout temps par des congrès, des élèves, des excursionnistes, des amateurs,….
Le site (vidéo) se présente allongé d'Ouest en Est, bordé au Sud par une falaise de 7 à 8m de hauteur, bien dégagée sur une centaine de mètres. Il est en partie boisé et comprend une vaste prairie. Il s'agit d'une ancienne carrière exploitée pour le sable calcaire qui fut, dans les années 1950, transformée en décharge de matériaux inertes, une chance !
 
Aspects géologiques
Le Lutétien du site Darcy offre des particularités géologiques uniques qui ont fait l'objet d'une publication récente (Ott d'Estevou, Barrier, Maille et Romanek, 2014).
Une coupe (7) montre la succession des différentes strates. A la base, les sables aujourd'hui azoïques du Cuisien, suivi par le Lutétien inférieur transgessif*, peu épais, très sableux et glauconieux**, de teinte verdâtre à rougeâtre, souvent nommé "Couche rouge". Ces dépôts remanient à la fois des sables, mais aussi des faunes du Cuisien, celui-ci était donc fossilifère à l'époque. Le Lutétien inférieur a livré une riche faune (plus de 200 espèces) au sein de laquelle se note l'abondance de dents de requins et la présence d'un gros Mollusque gastéropode spécifique de notre région et peu fréquent : Gisortia (de Gisors). Ce niveau, sableux, meuble, contient un niveau de grès (20 à 40cm d'épaisseur), très dur, qui correspond à ce qui est appelé un "beach-rock", qui peut se traduire par "dalle indurée de plage". La présence de cette formation, qui montre des blocs encroûtés par des huîtres, des coraux, et perforés par des bivalves lithophages, témoigne de l'existence d'un rivage battu par les vagues et temporairement exondées par les flux et reflux des marées.
Au-dessus vient le Lutétien moyen, peu épais également, qui a livré une faune de Mollusques riche et diversifiée (près de mille espèces de Gastéropodes et Bivalves), dont le célèbre Cerithium (ou Campanile) giganteum, le plus gros Gastéropode connu au monde (il peut atteindre 60cm de longueur) et seulement dans le Lutétien dont il est un fossile caractéristique. Toutes ces faunes sont visibles dans les vitrines du musée Pillon.
La biodiversité et l'abondance de la faune indiquent clairement qu'au Lutétien le secteur de Chaumont-en-Vexin était un haut-fond baigné par une mer chaude et tropicale, dont une (hypothétique) reconstitution a pu être établie.

*Une transgression marine signifie un retour de la mer, s'oppose à une régression marine, départ de la mer, comme c'est le cas à la fin du Cuisien.
**La glauconie est un minéral d'un vert profond qui se présente en grains ou en enduits. C'est un silicate d'alumine hydratée, riche en fer, d'où sa couleur verte (fer réduit), ce fer s'oxyde facilement (fer ferrique) donnant une teinte rouge, rouille. La glauconie est un bon marqueur des transgressions marines.

Aspects biologiques
Le site, comportant un bel espace en prairie naturelle, est également intéressant du point de vue botanique, avec plus d'une centaine d'espèces recensées. Pas de fleurs très remarquables, mais quelques espèces d'orchidées sont présentes.
Enfin, notons, dans la falaise, des trous qui correspondent à d'anciens nids d'hirondelles de rivage. Il semble que celles-ci aient déserté les lieux depuis longtemps.

Pour terminer, signalons que ce site fait l'objet d'un projet d'aménagement, pour une meilleure accessibilité du public et la mise en place d'un équipement pédagogique. Il est classé au plan national comme site géologique patrimonial remarquable (Géotope).