Chaumont-en-Vexin : Géologie

Bien que le secteur de Chaumont présente une coupe géologique très constante, il offre une situation géomorphologique singulière : le bourg de Chaumont est en partie construit sur une butte-témoin, détachée de la Cuesta d’Île-de-France, qui se suit depuis Gisors jusque bien au-delà de Méru.

Lien vers la carte Zone H : Chaumont-en-Vexin

Le secteur de Chaumont-en-Vexin est réputé de longue date pour sa Géologie, signalé dans des écrits dès 1720 (de Réaumur), notamment pour sa richesse en fossiles du Tertiaire. Depuis il n’a cessé d’attirer les chercheurs et les amateurs, faisant l’objet de guides d’excursion, dont est extraite la carte géologique simplifiée.

La succession géologique montre : au-dessus de la craie du Crétacé, (Campanien, -83 à -72 Millions d’années -Ma-), viennent en discordance les sables du Thanétien, puis les argiles du Sparnacien, suivies des sables du Cuisien, surmontés des calcaires du Lutétien, eux-mêmes recouverts des sables et grès du Bartonien, plus au Sud. Ces étages appartiennent aux périodes Paléocène et Éocène (-65 à -34Ma). A Chaumont, la série débute par le substrat crayeux.

La craie du Campanien est le dernier dépôt crétacé (Ère secondaire) présent dans le secteur. En effet, vers la fin du Crétacé, entre -70 et -65Ma, des évènements tectoniques lointains, érection de la chaine de montagne pyrénéo-provençale, retentissent jusque dans le Bassin Parisien, provoquant le retrait de la mer, l’exondation et l’érosion aérienne des fonds marins. La craie est formée d’un calcaire très tendre dû à l’accumulation d’(infra) microorganismes, les coccolithes (Algues), elle contient des lits de silex. Lors de cette phase d’émersion, une forte altération par le biais de paléosols, sous climat tropical humide, produit des argiles de décalcification, appréciées par les briqueteries. La craie contenait aussi de nombreux Oursins. La présence en abondance de silex est sans doute à l’origine de la forte occupation de notre secteur par les Hommes du Néolithique.

A Chaumont, le retour de la mer (transgression), au Tertiaire, s’opère par le dépôt des sables du Thanétien, (-59Ma). Il s’est donc passé 11Ma avant ce retour (on parle de « lacune »). Ces sables fins, roussâtres, souvent enrichis à leur base de lits de galets de silex, ne contiennent pas, ou plus de fossiles. Ils constituent un bon sablon pour la protection des réseaux enterrés.

Suivent les argiles du Sparnacien, dépôts saumâtres, qui témoignent à nouveau d’un retrait de la mer (régression). Elles livrent parfois quelques petites Huîtres, probablement de l’espèce Ostrea bellovacina. Elles restent peu visibles, occasionnant des zones marécageuses et tourbeuses. La partie basse de Chaumont est construite sur ces marécages, d’où des problèmes de fissuration par tassement de certaines bâtisses. Ce sont aussi elles qui portent le cours de la Troësne jusqu’à Chaumont, après quoi elle s’écoule vers l’Ouest sur les argiles de décalcification de la craie. Dans les environs de Chaumont, elles sont d’assez mauvaises qualité et n’ont pas servi pour faire des terres cuites.

Une nouvelle venue de la mer se manifeste avec les sables du Cuisien. Fins, blanchâtres à jaunâtres, ils contiennent des concrétions gréseuses très caractéristiques, dites « têtes de chat », parfois bien rondes, parfois contournées. Ils sont légèrement argileux et calcaires. A Chaumont, ils n’offrent pas de fossiles, qui ont été dissouts (voir site Darcy). En revanche, au Vivray, près de Liancourt-Saint-Pierre, ils sont riches en fossiles, dont une collection peut être vue au Musée Pillon. Ces sables forment la pente adoucie qui va de la plaine au rebord du plateau vexinois. Ils ont été localement exploités comme sablons.

Le retrait de la mer cuisienne n’a pas laissé de trace. En effet, son retour, avec les dépôts du Lutétien, s’est avéré très mouvementé et associée à une érosion assez importante (bien exposé au site Darcy). Le Lutétien débute par des sables coquilliers, fortement glauconieux (minéral en grains, -argile de teinte vert-bouteille- caractéristique), remaniant des faunes du Cuisien et riches en fossiles, notamment de dents de requin et de Nummulites. Au-dessus de ces sables, peu épais, se développe les calcaires du Lutétien moyen, compacts), formé de l’accumulation de débris coquilliers, on parle de « calcaires bioclastiques », et contenant des macrofossiles dont le célèbre Cérithe géant (Cerithium ou Campanile giganteum). La série se termine par le Lutétien supérieur, nommé « Marnes et Caillasses », calcaires durs, lités, souvent très riches en petits Cérithes, qui arment la Cuesta d’Île-de-France et le plateau vexinois. Dans notre secteur, ce sont surtout ces derniers qui ont été exploités pour faire des pierres de seuil, des marches (bien regarder les maisons) et des moellons fréquents dans les vieux murs de Chaumont. Ces derniers niveaux, lagunaires, traduisent à nouveau une régression marine De riches collections du Lutétien sont exposées au Musée Pillon.

Au Bartonien, la mer revient avec le dépôt de sables marins, blancs, parfois rouges (le Boulleaume). Ils sont peu présents à proximité immédiate de Chaumont. Seuls se retrouvent des blocs résiduels de grès mamelonnés dans les cultures.

Rédacteurs : Thiéry Maille et Philippe Ott d’Estevou 05-2020

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