Circuit Reilly - Boubiers : Géologie, Généralités
La série géologique (1 coupe) de notre secteur est très constante. Au-dessus de la craie du Crétacé, (Campanien, -83 à -72 Millions d’années -Ma-), viennent en discordance les sables du Thanétien, puis les argiles du Sparnacien, suivies des sables du Cuisien, surmontés des calcaires du Lutétien, eux-mêmes recouverts des sables et grès du Bartonien. Ces étages appartiennent aux périodes Paléocène et Éocène (-65 à -34Ma). Dans le secteur Reilly-Boubiers, la série débute par le Sparnacien.
Le Sparnacien (-53 à -56Ma)
Le marais de Reilly est alimenté par le Réveillon qui s’écoule sur les argiles du Sparnacien. Les dépôts tertiaires qui inaugurent ici cette période constituent la base locale du plateau vexinois : ce sont les argiles plastiques et les fausses glaises du Sparnacien (de la ville d'Epernay) jadis exploitées à Paris pour la briqueterie. Il y a environ -52Ma, le niveau marin s’est déplacé vers le Nord, la mer a régressé. Les flots s’arrêtaient alors contre les collines de l'Artois. Vers le Sud, une pré-Loire amenait des sédiments arrachés au Massif Central dans les marécages parisiens.
C'était une lagune aux eaux calmes parfois troublées par quelques animaux, tel le crocodile Asiatosuchus, des mammifères, comme Coryphodon ou Hyracotherium, de grands oiseaux coureurs et voraces comme Gastornis, devaient s'y rencontrer.
Parmi les arbres qui ont laissé des bois silicifiés, Taxodioxylon était une espèce de Cyprès-chauve, appréciant de nos jours l'ensoleillement et les terrains détrempés, marécageux ou régulièrement inondés, il devait être bien adapté aux conditions qui régnaient au Sparnacien de Reilly ! Un morceau de tronc est visible au Musée Raymond Pillon.
Après cet épisode lagunaire, les dépôts géologiques se sont poursuivis, mais ont été érodés et transportés par le Réveillon atteignant, pour l'instant, le fond argileux.
Le Cuisien (-56 à -46Ma)
Au-dessus de la zone plate marécageuse des argiles sparnaciennes, les pentes douces qui nous entourent relèvent des sables du Cuisien que nos amis les blaireaux creusent pour leurs terriers. L'épisode lagunaire du Sparnacien est suivi par l'établissement de la mer cuisienne, profitant de la disparition momentanée de l'anticlinal de l'Artois, la mer transgresse. Le caractère marin se traduit par l'existence de dépôts sableux, contenant des indurations gréseuses en boules dites « têtes de chat. Ces sables sont visibles sur les flancs de la vallée du Réveillon. Défini à Cuise-la-Motte, à l'Est du département de l'Oise, dans notre secteur, c'est à Liancourt-St-Pierre que les sables cuisiens sont les plus étudiables. Algues, Lamellibranches et Gastropodes de ces âges sont exposés au Musée Raymond Pillon. La flore, non représentée ici, montre des similitudes avec celle de l'actuelle Indo-Malaisie, ce qui confirme l'existence d'un climat chaud et humide du type tropical. Les sédiments cuisiens voient leur sommet incomplet par suite de l'érosion et de l'ablation par la mer transgressive du Lutétien.
Le Lutétien (-46 à -40Ma)
Etage majeur de l’Éocène, le Lutétien structure le paysage vexinois par l'intermédiaire de ses strates calcaires majoritairement dures et compactes. Il arme les plateaux céréaliers et forme la Cuesta d’Île-de-France qui s’étend de Gisors à Méru et au-delà.
Ce n’est qu’en arrivant vers le haut du plateau, au niveau de Boubiers, que l'on peut s’apercevoir que le chemin de belle pente est stabilisé par des "cailloux blancs". C'est du calcaire. Cette roche, comme toutes celles qui nous entourent, est sédimentaire. Elle résulte de l'accumulation de coquillages, de coraux et d'autres organismes marins. A l’origine, c’étaient des sables bioclastiques (à débris coquilliers), cimentés et consolidés avec le temps. Une mention particulière doit être faite pour les calcaires du Lutétien supérieur, nommés « Marnes et Caillasses », particulièrement durs, ce sont eux qui arment le plateau. Pour cette raison, ils ont été exploités pour fabriquer des moellons et des pierres de seuil. A proximité de Boubiers, la ferme des Carrières est un bon exemple d’ancienne exploitation. Ces derniers niveaux, encore marins, témoignent toutefois d’un retrait de la mer.
Le Bartonien (-40 à -37Ma)
Au sommet du plateau, dans les rebords du chemin, des blocs de grès mamelonnés apparaissent (on parle de grès « framboïdes »). Ils appartiennent à l’étage Bartonien.
En fait, cet étage est constitué de sables purs et le plus souvent très blancs (rarement rouges comme on peut les voir aux environs de La Villetertre, où ils s’enrichissent de cailloutis). Ils contiennent localement des fossiles marins. Des circulations d’eau, postérieures au dépôt, ont provoqué des cimentations localisées des sables engendrant des lentilles gréseuses disséminées, à surface bosselée très caractéristique. La grande différence de dureté entre les sables et les grès fait que les sables ont généralement été évacués, tandis que les lentilles gréseuses, pratiquement inaltérables, restaient sur place (ce phénomène s’appelle l’érosion différentielle). Ces morceaux de grès, épars dans les champs, nuisent aux travaux agricoles, c’est pourquoi les cultivateurs les accumulent souvent au bord des chemins.
Rédacteurs : Thiéry Maille et Philippe Ott d’Estevou