Lavilletertre

La Communauté Des Chemins vous invite à découvrir l’âme d’un lieu par la lecture de son paysage

Lien vers la carte Zone B : Lavilletertre

Si La Villetertre m’était conté.
« D'azur à trois besants d'or ; à la bordure componée d'argent et de gueules ».
Telle est la poétique et héraldique lecture du blasonnement de ce village qui flotte au fronton pavoisé de la mairie.
Face à celle-ci, l’église est un véritable témoignage d’architecture sacrée où l’art roman annonce le style gothique.
Les promeneurs de La Communauté Des Chemins s’attardent à décrypter son porche et ses chapiteaux qu’un érudit local passionné, le cordonnier Pillon de Chaumont en Vexin, croqua en son temps.

Une forteresse, bâtie en 1140 et détruite pendant la guerre de cent ans par les anglais, couronnait autrefois la butte.
Ses derniers vestiges ont été démolis en 1922.
Elle était située dans l’actuel parc du château du XVIIIème siècle qui repose sur un sol sableux parsemé de galets, lointains témoins du passé marin des temps géologiques.

Levant les yeux au ciel, nos promeneurs croient voir passer le palet que Gargantua lança depuis la butte de Montjavoult.
Selon la légende Rabelaisienne, il atterrit non loin de là au lieu dit « la Pierre Fritte » au hameau de Romesnil.
Pour des esprits plus cartésiens, il s’agit d’un menhir des temps néolithiques.

Depuis le village, perché sur les hauteurs de la Cuesta du Vexin, ils s’engagent sur un chemin pentu. En contre bas, des sources ruisselantes alimentent un lavoir, souvenir du courant hygiéniste du XIXème siècle.
Comme toujours, la végétation révèle la nature du sous-sol. On ne croît pas pareil sur la roche ou l’argile, semblent nous dire les fougères et les pissenlits.
Plus bas, les 15 mètres d’épaisseur de roches lutétiennes révèlent des grottes et des entrées de carrières abandonnées.
Certaines, aménagées, servent à protéger des colonies de chauves-souris.

Aux alentours, des coquillages fossiles parsèment un sol qui fut plage bien avant sapiens.

Ils traversent ensuite les « larris », prairies sèches qui abritent faune et flore des plus remarquables. Zygène de carniole et Machaon y butinent l’Anémone pulsatile et l’Ophrys mouche.
Couleuvre à collier et Mante religieuse se glissent entre les survivances de ceps de vignes oubliés.

La toponymie est source d’informations passionnantes, ainsi, la carte IGN peut se lire comme un livre d’histoire locale.
L’indication « les Murgers » correspondrait à d’anciens amas de pierres, « les grandes fosses » à d’antiques nécropoles, « les vignes » à des vignobles disparus.
Il en est de même pour le « buisson renard » et autres « noyer corneilles », lointains vestiges d’un culte sylvestre gaulois.

Les bois avoisinants recèlent des arbres remarquables de diverses essences.

Les promeneurs passent ensuite sous le pont d’une des plus anciennes voies ferrées de France, la ligne du « Paris Dieppe » qui fut ouverte en 1873.
Initialement, avec la vogue des stations balnéaires, elle devait s’appeler la « ligne du plaisir ».

En contre bas, les sources de la Viosne alimentent un grand étang à la surface duquel des « tremblants » hébergent une remarquable flore.
Autrefois, de vastes roselières colonisaient ces berges.

Près de la rive, des cygnes et des canards glissent au dessus de grands blocs de pierres immergées, visibles en transparence.
Il s’agit, très probablement, d’un rare vivier Gallo-romain encore observable aujourd’hui, qui devait approvisionner en poissons les villas alentour. Les brochets voraces dévoreurs de canetons et les énormes carpes qui paressent dans la vase sont-ils leurs descendants ?
On peut encore voir sur d’anciennes cartes postales le moulin de Bachaumont aujourd’hui disparu.

Le moulin de Bachaumont, alimenté par la Viosne et aujourd’hui disparu, figure sur d’anciennes cartes postales. Remontant vers le village et pour conclure cette promenade, nos marcheurs s’essaient alors à d’autres regards devant le panorama qui s’offre à eux.
Regard d’impressionniste pour qui on ne voit jamais deux fois le même paysage. Tout évolue sans cesse, la lumière, les saisons et les yeux qui les voient.
Regard de géologue pour qui chaque goutte de pluie, chaque souffle de vent, chaque morsure du gel érodent et transportent toutes matières minérales jusqu’aux océans.
Regard d’historien qui voit l’empreinte du passé, regard de botaniste qui sait observer le peuple végétal et tant d’autres regards pour ceux qui savent voir.

Rédaction : Dominique et Marc Adenot 05/2020

Pour en savoir plus, ce site :
■ L’église
■ Le village
■ La Flore