Circuit Reilly - Boubiers : Balade contée

Si le Chemin de Procession de REILLY à BOUBIERS m’était conté.
En début de parcours, le promeneur suit le Réveillon, paisible rivière où des moules d’eau douce géantes nichent dans la vase à l’abri du regard.
Il traverse ensuite le marais par un sentier bordé d’étangs.
De nombreuses espèces végétales et animales, caractéristiques des zones humides, peuplent ces lieux.

Lien vers la carte Zone G : Trie-Château

Si le Chemin de Procession de REILLY à BOUBIERS m’était conté.

En début de parcours, le promeneur suit le Réveillon, paisible rivière où des moules d’eau douce géantes nichent dans la vase à l’abri du regard.
Il traverse ensuite le marais par un sentier bordé d’étangs.
De nombreuses espèces végétales et animales, caractéristiques des zones humides, peuplent ces lieux.

Ces étangs sont-ils naturels ou façonnés par l’homme ?
Dépressions des temps géologiques, viviers moyenâgeux ou anciennes carrières d’extraction de tourbe comme il en existait dans la région ?
Seules les deux premières hypothèses paraissent crédibles.
En effet, la tourbe, ce médiocre combustible, utilisée pour chauffer les chaumières à moindre coût jusqu’au 19ème siècle, était ici de piètre ressource.

En s’engageant dans l’allée que jouxte un canal de drainage, le promeneur remarque des plantes qui ondulent au gré du courant. Uniques en ces contrées, elles sont un indice de la pureté de l’eau.

Plus loin, un banc l’invite à une halte méditative.
Il peut entendre le ruissellement d’une petite cascade dont l’eau pétrifiante change les objets en pierre, comme cette branche, métamorphosée en un petit tube de calcaire.
Passer du végétal au minéral, n’est-ce pas ainsi que naissent les légendes ?

Empruntant ensuite « l’Allée des Moutons », il parcourt ce chemin primitif que les hommes ont tracé à la fin des glaciations il y a plus de 10000 ans.
Il marche ici dans les pas de nos lointains ancêtres.

Arrivé au vieux chemin de procession allant à Boubiers, notre promeneur contourne une butte dite « le Mont Mirel », autrefois dominée par un édifice gallo-romain, implanté au bord du plateau, dont l’existence est attestée par la signature de ses tessons de céramique si caractéristiques.
A proximité, les vestiges d’un hameau ruiné par des guerres incessantes, hantent encore ces lieux.

En contre bas, dans la « souille » où s’ébrouent les sangliers, des empreintes animales s’affichent sur le sol.
Tout près, il aperçoit un vieux muret dissimulé sous les mousses.
De vastes terriers de blaireaux font apparaître un sable clair, souvenir de lointaines mers disparues. Ces furtifs nocturnes sont de précieux auxiliaires pour les géologues en leur révélant la nature du sous-sol.
Il lui faut, plus avant, s’écarter un peu du chemin pour découvrir les restes d’une ancienne cressonnière avec ses quelques survivances.
Incongrue, à mi-pente, une borne fichée là, on ne sait pourquoi.

A une portée de pierre au milieu des marais, au lieu-dit « Le Moulinet », un amas de moellons moussus révèle la présence d’un ancien moulin qui a fonctionné dès le moyen-âge.
On y a broyé du blé jusqu’au 18ème siècle.

En sortant du bois, le promeneur se dirige vers Boubiers jusqu’à un val où le Réveillon prend sa source.
C’était jadis un haut lieu de croyances et de légendes locales. Les soldats en partance pour la guerre avaient coutume de boire l’eau du Réveillon afin d’être assurés d’y revenir un jour.

Non loin de là, dans les broussailles, il découvre les ruines d’anciens lavoirs. Ces lieux sont encore chargés des peines et des rires des femmes d’autrefois.
Sur le flanc ouest de ce val, la forteresse dite de Montchevreuil érigée au moyen-âge, fut rasée lors de la Guerre de Cent Ans.

Il s’engage ensuite dans la côte du « Pétillon », nom donné au genévrier, seul conifère indigène du Vexin.
Dans l’Antiquité, on en faisait des bouquets qui étaient accrochés aux frontons des tavernes en l’honneur du dieu Bacchus.

Sarcophages du haut moyen âge et nécropole gauloise hantent encore les alentours.

Revenant sur ses pas, il suit le chemin de procession menant à la fontaine Saint-Leu surplombée d’une croix expiatrice. Lieu de culte Payen puis Chrétien, on attribuait à ses eaux le pouvoir de guérir les enfants de la peur.
Lieu de superstition où des arbres à loques ont fait flotter au vent les espoirs de myriades de vœux à exaucer.
Lieu magique où de rares ormes rescapés plongent leurs racines dans la source comme dans l’eau de jouvence.

Quand des ruines enfouies se cachent au regard du promeneur, quand la flore est liée à la nature des roches, que des céramiques antiques se mêlent aux fossiles de mers oubliées, quand la faune se voit et se lit en empreintes sur le sol, on est plongé dans l’histoire de la terre et des hommes.

Ainsi s’achève la flânerie du lecteur de paysage cheminant comme dans un cabinet de curiosité à ciel ouvert.

Janvier 2020 Dominique et Marc ADENOT
Avec la collaboration des référents de La Communauté Des Chemins.