Pochon : Raymond Joly-Clare, Tailleur de fer à Ponchon

Un destin exceptionnel pour un homme extraordinaire. Bien que peu connu du grand public, Raymond Joly, ou Joly-Clare, en hommage à son grand-père maternel, fut un artiste aux talents diversifiés et complets. Il est surtout renommé comme Graveur Général de la Monnaie de Paris de 1958 à 1974.

Lien vers la carte : Noailles

Raymond Joly (1911-2006) est né à Paris, Montmartre, où il passe l’essentiel de sa jeunesse. Son enfance est plutôt difficile. En 1918, usée par le labeur, sa mère décède. C’est sa sœur Andrée qui l’élèvera, il l’appellera sa sœur-maman et gardera toujours pour elle un attachement très fort. Dès son plus jeune âge, il dessine avec talent et acharnement. Il lit de petits illustrés dont il reproduit les dessins. En 1926, à 15 ans, de retour d’un séjour en sanatorium, où il obtient son Certificat d’Études, il est placé comme apprenti ciseleur en bronze à l’École de la Chambre de Commerce. C’est le début d’une vocation sans fin. Il travaillera dans divers ateliers, où il enrichira son bagage. En 1933, après son service militaire, il reprend son travail chez Deberny. En 1937, il est licencié, vivant alors d’expédients et petits boulots. Il sera recruté pour la décoration du pavillon de l’URSS lors de l’exposition internationale. Ce sera un beau succès. 1938 retour à l’atelier de Maurice Prost où il apprend la sculpture sur pierre et la ciselure du bronze. 1939, il rencontre Maître Dropsy qui lui conseille de voir du côté de la Monnaie de Paris. Son test est concluant, mais il préfère continuer d’apprendre et intègre les Beaux-Arts.

En 1941, il exécute sa première taille directe en creux : La Famille. En 1942, il s’inscrit au grand prix de Rome dont il obtient le Premier Grand Prix dans la catégorie ciselure et gravure de médailles. Début 1943, il emménage à la Villa il Paradiso à Nice, qui accueille les différents lauréats du grand prix (architecture, sculpture, musique, gravure, …). Les pensionnaires du Grand Prix seront déplacés à Fontainebleau, puis finalement à la Villa Médicis à Rome. Durant toute cette période, il réalise de très nombreuses médailles en taille directe sur acier qui constituent ses envois. Il dessine aussi les portraits de ses collègues. De retour à Paris, en 1946, la vie n’est pas très rose et il est à nouveau obligé de vivre d’expédients, loin de ses talents. Mais, d’un naturel volontaire et pragmatique, il saura tirer partie de toutes ses expériences.

De 1949 à 1969, R. Joly sera professeur intermittent à l’École des Métiers d’Art, ce qui lui laissera le loisir de pratiquer de nombreuses activités en plus des médailles : peinture, sculpture, céramique (pour la manufacture de Sèvres), vitraux, … Il met en place la technique du « repoussé ». En 1952, une grosse commande : confection d’un ensemble de médaillons des maires de Belfort. De 1951 à 1953, il séjourne beaucoup à Berlin, où il est chargé de l’intégralité de la décoration de l’église Saint-Louis-des-Français.

Fin 1957, il est nommé Graveur Général des Monnaies, Il y restera jusqu’à son départ en retraite en 1974 ; Il créera une quantité incalculable de médailles et de monnaies, y compris des monnaies étrangères. Il réhabilitera la célèbre Semeuse (de Roty) pour le nouveau franc, Durant sa retraite, à Ponchon, ce travailleur infatigable ne cessera jamais de créer. L’étendue de ses œuvres est telle qu’il n’est pas possible ici d’en donner une vision exhaustive.

Rédaction : Ph. Ott d’Estevou 08/2022

En savoir plus :
L’essentiel du texte et les images sont tirés de son ouvrage : « Raymond Joly Tailleur de fer et la plupart de ses œuvres » (1996), Imprimerie Sprenger, Mulhouse, 127 p.
Cet ouvrage est consultable dans son intégralité sur le site :
http://www.raymond-joly.fr/RAYMOND-JOLY%20monnaies%20france.html#france