Bailliage et Place du Vieux Marché

Vous êtes ici.

La physionomie de cette place a bien changé comme l'illustre un vitrail de l'église St Jean-Baptiste et le plan de la ville dressé en 1785. En ce lieu, un bras de la Troësne alimentait un moulin propriété du seigneur de Rebetz. Le "Pont du Roi", reliait la rue de l'église à celle de la République. Un arrêt du conseil en 1784 exigeait sa démolition ce qui fut fait l'année suivante. La Troësne fut recouverte de dalles et le pont détruit. Le baillage, ancien palais de justice, fut érigé en 1543 sous François Ier et supprimé, à la demande de Gilles de Pellevé qui en fut bailli, par son petit-fils, Charles IX. Son frère, Henri III, le rétablit en 1576 ! Sur la façade se révèlent deux blasons qui ont été martelés sous la Révolution. Celui de gauche porte en écartelé à un et quatre de France, à deux et trois d'un lion. Ce sont les armes de Marie de Bourbon, duchesse de Longueville. Le blason de droite porte les lys de l'écu royal. On doit au ciseau de J.M. Bouchard, tailleur de pierre à Fresnes-Léguillon, la sculpture des blasons actuels.

Le rez-de-chaussée se compose d'un vestiaire, d'un cachot et d'une prison. Un texte de 1542 signale que de celle-ci les détenus s'échappaient régulièrement... La serrure dont on peut admirer la façon ne doit pas dater de cette époque. Au premier étage, que l'on atteint par un escalier du XVIème, se tenaient les audiences sous le regard d'une Justice allégorique datée de 1579. Elle a été recouverte d'un enduit en 1964. Armée d'un glaive et portant la balance, elle surmontait une injonction tirée du livre des Polypomènes (ou Chroniques) de la Bible Ch. 2 19-6 : "Prenez garde, juges, à ce que vous faites ; car ce n'est pas le jugement d'un homme que vous exercez mais celui de Dieu et ce que vous aurez jugé retombera sur vous".

Après avoir servi de tribunal districal pendant la Révolution, le baillage fut vendu comme bien national en 1793. Depuis le XIXème siècle, une maison bourgeoise occupe l'ancien baillage dont ne reste que le Palais de Justice. La bâtisse accueille de nos jours des expositions et l'école de musique. En sous-sol, une cave médiévale s'enfonce sous la butte. Elle desservait un cellier et devait être reliée aux souterrains de la forteresse.

La maison à colombages qui fait face au baillage a longtemps était un hôtel restaurant. Fort renommé pour sa cave, les parisiens y venaient nombreux. A l'enseigne du "Grand Cerf", il était le digne successeur de l'Hôtel de l'Ecu de France" dont on connaît l'existence par un acte notarié signé le 31 octobre 1493 !

Enfin, au niveau de l'abri bus, un lavoir profitait du bras de la Troësne que l'on peut suivre quelques pas plus loin.

Rédaction : Thiéry Maille – 11-2019

Bibliographie :
BONNEAU J.L. & Coll. (2005) - Chaumont-en-Vexin au XXème siècle - GEMOB n°69, 136 p. (ce livre très documenté peut être acheté auprès du Musée Pillon)