Mairie et couvent des Récollets

L'Hôtel-de-Ville de Chaumont-en-Vexin a succédé en 1819 à un couvent, celui des Récollets. Outre la Mairie, il accueille, dans son ancienne chapelle Saint-Henri, le Musée Raymond PILLON depuis 1996 et, caché en son sein, un petit théâtre à l'italienne qui ne demande qu'à retrouver vie.

Lien vers la carte Zone H : Chaumont-en-Vexin

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Les Récollets forment un ordre issu de la tradition franciscaine par la bulle Ite Vos de 1517. Ils suivaient la règle de Saint-François d'Assise. Ils étaient qualifiés d'Observants (la Règle). Leur présence à Chaumont est attestée dès 1612. D'abord installés à Saint- Marguerite près de Trie-Château, ils obtiennent du duc de Longueville et des habitants l'agrément de s'installer à Chaumont. Dans l'attente de la construction du couvent, c'est la chapelle du château qui les héberge. Le couvent est achevé en 1637. On peut alors imaginer ces moines portant robe de bure grise, capuce et mozette, les reins ceints d'une corde blanche à trois nœuds, pieds nus dans d'inconfortables sandales vaquer dans les jardins du couvent.

Le plan de l'édifice du XVIIIème siècle révèle la présence d'un cloître dont la façade actuelle montre sept arches. Celui-ci entourait une cour intérieure. Sur la droite se trouvait l'église conventuelle qui abrite aujourd'hui le Musée Raymond Pillon au rez-de-chaussée et la salle du conseil à l’étage. Sur son mur s'ouvrait une chapelle dédiée à Sainte-Marie. Elle fut détruite en 1798. Les cellules moniales, dont deux sont encore visibles, occupaient l'aile gauche du couvent. Sur l'arrière, un grand espace, de nos jours engazonné, était un jardin tracé à la française. Ses légumes, ses fruits et fleurs agrémentaient le quotidien du couvent.

En 1819, l'édifice acquis par l'administration municipale, sert de siège au district de Chaumont. La gendarmerie, la mairie, la justice de paix, le dépôt de sureté, une école avec logement de l'instituteur y prennent place. L'église quant à elle est érigée en chapelle sous l'invocation de Saint-Henri. On lisait au-dessus de la porte l'inscription en l'honneur du duc de Bordeaux, putatif Henri V.

" D.O.M.
Sub invocatione beati Henrici sacrum
Ad perpetuam nascentris a Deo dati henrici memoriam
Faustam que tam cari capitis longaevitatem
Fidelium borbonica soboli voto dicatum."

Traduction :
Sous l'invocation de Saint-Henri
Pour perpétuer la mémoire de Henri Dieudonné
Pour qu'une longue et heureuse vie lui soit accordée
Selon le vœu des fidèles à la famille des Bourbons

Désacralisée, elle servit de halle aux grains, de caserne de pompiers et enfin de musée.

Dans la salle de récréation des moines, caché derrière la bibliothèque, un théâtre à l'italienne a été édifié vers 1860. Il est dû aux architectes Frick et Tabary. Un balcon domine le parterre dont le ciel s'orne d'une rosace. Ce charmant petit théâtre a accueilli jusqu'aux début des années 1950, de joyeuses troupes locales qui divertissaient les Chaumontois ainsi que, pendant les heures noires des guerres, les soldats en quête de repos. Il a servi de zone de stockage d'archives puis fut laissé à l'abandon. Lors des travaux de mise aux normes de la "salle de Justice de Paix", l'équipe municipale a pris soin de le faire nettoyer. Beaucoup attendent avec impatience qu'il résonne de nouveaux des spectacles que les troupes actuelles produisent sur le territoire !

Le "petit théâtre" est visitable lors des Journées Européennes du Patrimoine.

Le Musée Raymond PILLON, labellisé "Musée de France" en 2003, a été inauguré en 1996 par le professeur émérite Charles Pomerol après une première présentation des collections en 1993. Il rassemble des objets illustrant la paléontologie, la préhistoire et l'histoire locale autour du legs que Raymond PILLON établit en faveur de la collectivité communale.

Personnage pittoresque et emblématique de la ville, il exerçait la cordonnerie après avoir été brossier. Suivant l'intérêt qu'avait déjà manifesté son père, il arpentait la région en quête du passé. D'abord orienté vers l'industrie lithique, il découvre sa première hache à treize ans et devient membre de la Société Préhistorique de France en 1929), il ne peut éviter les innombrables fossiles qui jonchent les terrains alentours. Mais ses pérégrinations le conduisent aussi à croiser des vestiges historiques de sculptures, de bâtiments, d'épigraphies... qu'il s'empresse de reproduire.

Sa cordonnerie devient vite un capharnaüm et ses connaissances incontournables à tel point qu'il intervient en Sorbonne et qu'en 1953, ce titulaire du Certificat d'Etude reçoit les Palmes Académiques pour service rendu à l'Archéologie.

A son décès en 1977, à l'âge de 88 ans, ses collections sont stockées dans un bureau de la mairie puis transférées dans les combles pour qu'elles y soient étudiées.

Ainsi, c'est aujourd'hui un Musée structuré, pédagogique et accueillant. Il reçoit les visiteurs curieux de découvrir les richesses de notre patrimoine local. Deux grandes frises originales, l'une de Gilles Coppier, l'autre de Michel Morel, illustrent l'évolution de la vie animale pour l'une et celle des hommes ayant arpenté notre territoire pour l'autre. Musée vivant, ses collections augmentent grâce aux dons et aux achats qui ont permis la création de vitrines rappelant les Eres géologiques.

Chaque année, lors des Journées Européenne du Patrimoine, une exposition temporaire éclaire un aspect particulier des collections du Musée. En 2019, "la vie quotidienne au Néolithique" fut ainsi mise à l'honneur...

Créé, géré et animé par des bénévoles, le Musée est visitable de mars à octobre les troisièmes samedi et dimanche mais aussi, en dehors de ces dates, sur rendez-vous (appeler la Mairie03 44 49 00 46).