St-Crépin-Ibouvillers : Eglise

L’église de St-Crépin-Ibouvillers, classée Monuments Historiques le 30 décembre 1932, est un exemple d’église paroissiale dont les origines remontent au XIIème siècle. Elle sera dotée à la Renaissance d’un exceptionnel clocher en pierre de taille qui domine la campagne de ses 45m. Il est possible de visiter ce monument sur demande préalable à la mairie.

Lien vers la carte Zone D : Méru

L’édifice est composé d’éléments architecturaux dont les constructions se sont étagées dans le temps :

• Le chœur, le transept Nord puis le transept Sud sont les plus anciens. Ils datent de la fin du XIème et début du XIIème siècle en formant à l'origine une croix byzantine. Le chevet plat, coté extérieur, montre bien à cet égard le passage de l'architecture romane à l’architecture gothique. Les modillons et une frise à pointe de diamants qui ceinturent l’édifice confortent cette datation. A l'intérieur, une fondation funéraire écrite en Français gothique, explique sur 33 lignes les dispositions à mettre en application après le décès de Guillaume de l’Isle commanditaire de ce testament. Il porte la date de 1485.

Le pignon du transept Nord présente une horloge posée en 2015 finalisant une restauration entreprise par la Communauté de Communes des Sablons. Elle remplace une horloge dont le mécanisme est encore présent dans les combles et qui fut achetée en 1735 pour la somme de 300 livres.

• La nef n’est pas axée par rapport au chœur ce qui prouve une construction ultérieure non définie. Sur la façade Ouest, le portail en arc brisé est surmonté d’un pignon où est inscrite une rosace, murée, (probablement inachevée car disproportionnée) construite avant les voûtes actuelles. Ces dernières furent remaniées au XVIIème et présentent 3 travées de taille différente, signe d’une extension médiévale. La clé de voûte de la seconde travée représente une coquille Saint-Jacques, une besace et un bourdon prouvant que l’église était située sur l’une des routes de Saint-Jacques de Compostelle. Cette vocation a obligé les constructeurs de l’époque à adjoindre des bas cotés. Ces derniers seront rénovés dans le courant du XIXème.
Au croisement du transept Nord et de la nef, une dalle funéraire représente Jean de l’Isle Adam Marivaux entouré de ses deux épouses, Agnès de Vaux et Hélene d’Aspremont. La gravure indique « Haut et puissant seigneur Messire Jehan de Lille chevalier de l’ordre du roi son con(seill)er et maitre d’hotel ordinaire, gouverneur et lieutenent pour le roi en Lille de France en l’absence de Môsseigneur Duc de Montmorency capitaine et gouverneur du château et bourg du ques seigneur d Marivaux Ybouviller Ivry TreignelBleiquecourtBoucicourt et de Pontillaut en Brie lequel trepassa le vingtdeulxsiesme jour du mois de mars l’an mil cincq cens septanx et deusx »

• Le clocher est constitué d’une tour carrée qui, à l’origine, recevait un toit à bâtière. Il est surmonté d’un ensemble octogonal muni de crochets décoratifs. Un lanterneau termine l’ensemble. Un bandeau intermédiaire présente des bustes en pierre au nombre de quinze. Ils représentent tous les enfants du seigneur Jean de L’Isle Marivaux commanditaire de cet ouvrage. A l’Est pour les plus jeunes, jusqu’au Nord pour recevoir les ainés. Quatre fils et quatre filles sont représentés. Celles-ci sont coiffées d’un béret que l’on retrouve couramment chez les protestants, religion embrassée par Jean de l’Isle. Bien que fort dégradé, l’écusson aux sept merlettes sur le bandeau ouest représente les armes de la famille de L’Isle Adam Marivaux. Celui situé sur le côté Sud avec ses trois merlettes appartient à l’une de ses filles. Des trois pilastres, seul celui du Nord-Ouest est complet et représente Saint-Crépin en tenue de cordonnier. Au Nord, un pilier reçoit des sculptures sur ses trois côtés. La première face est très dégradée. La seconde représente un diable tenant sous son bras gauche les armoiries de la famille de l’Isle Marivaux. La dernière sculpture représente un autre diable urinant sur les paroissiens. Une inscription gravée dans les combles indique « le XXIème jour de l’an mil 5c XXXXI fut assise la première de ce pnt (ponant ?) piller par fre(re) Philippe de l’Isle »

• A l’intérieur le visiteur pourra découvrir une cuve baptismale du XVIème à décoration de têtes humaines, deux grandes statues en pierre de Saint-Roch et Saint-Sébastien offertes par la population pour avoir été épargnée par la peste. Des traces de peinture polychromes sont encore visibles sur le haut des chapiteaux et aux voûtes du chœur. Une chaire et un banc d’œuvre avec panneaux peints et moulurés prennent place de part et d’autre de l’allée centrale de la nef. La cloche nommée Marie Anne fut bénite en 1781. Après restauration elle fut bénite et raccrochée en 2015 dans le beffroi d’origine à double croix de Saint-André.

Rédacteur : Philippe BISSON 01/2020

En savoir plus :
Pierre Poschadel
  https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Cr%C3%A9pin-et-Saint-Cr%C3%A9pinien_de_Saint-Cr%C3%A9pin-Ibouvillers
Dominique Vermand
https://www.eglisesdeloise.com/monument/saint-crepin-ibouvillers-eglise-saint-crepin-et-saint-crepinien/