Gomerfontaine - Point 6
A l'écart du chemin de Gomerfontaine s'élève le manoir d'Illioré. Pavillon de chasse du Duc de Longueville à l'aube du XVIIème siècle, où les Condé et les Conti partaient courir le "gros" dans les forêts avoisinantes, c'est aujourd'hui une propriété privée que nous vous invitons à découvrir.
Le nom d'Illioré a connu bien des vicissitudes. Au cours du temps, nous le découvrons en Illieuré, Illiauré, Lioré, Illiauray ou Liaurey...
C'est en 1293 qu'il apparaît dans un acte d'acquisition et qu' en 1593 il est connu comme hameau habité.
Vers 1617, le duc Henri II de Longueville, filleul d'Henri IV, seigneur de Trie, remanie en pavillon de chasse un ensemble bâti contenant un pavillon, un grand corps de logis, un colombier, le tout agrémenté d'un jardin, d'un verger et de plusieurs pièces de terre.... Au pied des bois connus pour leur gros gibier, proche de l'abbaye et de la Troësne, le lieu est bien choisi !
En 1625, c'est un véritable hameau d'une vingtaine de feux, parcouru par deux rues, qui s'étend à Illioré.
C'est la seconde épouse du duc de Longueville, Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, aussi sainte que séductrice, égérie de la Fronde, qui foulera ces lieux comme le laisse présager un acte de 1675. Quelles étaient ses relations avec les dames de l'abbaye de Gomerfontaine, elle qui avait un penchant avéré pour le jansénisme ?
Marie-Thérèse de Bourbon-Condé, l'arrière-petite nièce d'Anne-Geneviève, est aussi nommée en 1710 comme propriétaire des lieux.
La propriété est ensuite cédée à Alexandre Louis Edme Le Porquier, né en 1769 à Chaumont et mort sans enfant en 1800. Il était issu d'une famille de conseillers du roi et lieutenant du baillage de Chaumont.
Le 7 septembre 1783, Louis-Stanislas Xavier, alors Comte de Provence et futur Louis XVIII achète pour le roi Louis XVI son frère, les domaines que possédait le prince Louis-François-Joseph de Bourbon-Conti. Le roi sentait-il que le vent tournait en sa défaveur ? S'était-il prévu un repli ? ... Il aurait été cocasse que Louis XVI se réfugie où Rousseau l'avait fait vingt ans plus tôt !
Citons enfin Raymond Pillon: "Après avoir subi des fortunes diverses, après avoir été successivement affecté à l'usage de ferme, abandonné et sur le point de tomber en ruines, ce vestiges intéressant de l'Histoire seigneuriale de Trie a été restauré et rendu à sa destination primitive. C'est M. Edmond Laubière qui a ressuscité IIliauré vers 1885"
Aujourd'hui, ce manoir, qui a côtoyé la Grande Histoire, peut-être visité.