Beaumont-les-Nonains : L'abbaye Saint-Nicolas de Marcheroux
L'abbaye de Marcheroux est située sur le territoire de Beaumont-les-Nonains. Fondée en 1145 par un disciple de Saint-Norbert, l'abbaye de Marcheroux conserve une partie de son église abbatiale médiévale. L’église sera transformée en bâtiment agricole au XIXème siècle. Inscription aux Monuments Historiques en 1995. Domaine privé, visible de l'extérieur.
En 1122, Ulric, compagnon de Saint-Norbert de Xanten, fondateur de l'ordre des Prémontrés, installe une communauté à Jouy-la-Grange, dans l'actuelle commune de Beaumont-lès-Nonains. Peu de temps après elle devient abbaye sous la dédicace de Saint-Nicolas-en-Thelle.
Vers 1145, le seigneur de Senots donne une terre à la communauté à moins de 5 km de là, au lieu-dit Marcheroux. L'abbaye y est alors transférée. Cette donation est confirmée le 15 juin 1147 par le pape Eugène III.
En 1148 (ou 1180 selon les sources) Gasce de Poissy fait appel aux Prémontrés de Marcheroux pour transformer un ancien oratoire en abbaye à Abbecourt (78).
En avril 1791 l’abbaye et l’exploitation sont vendues en biens séparés. Le 15 juillet les quatre derniers religieux quittent le site.
Les aléas. De l’ensemble des bâtiments d’origine, il ne reste que le chœur de l ’église. L’histoire retient les aléas qui se sont conjugués pour accentuer la disparition des constructions :
■ Au XIIIème siècle un incendie détruit une partie de l’abbaye ;
■ A nouveau détruite au XVème siècle ;
■ Au XVIème siècle, elle est ravagée et pillée lors des guerres de religion ;
■ En 1615, le clocher et une partie des voutes de la nef s’effondrent à la suite d'un orage particulièrement violent ;
■ En 1703, un nouveau désordre fait suite à un ouragan, tout comme sa voisine l’abbaye de Ressons ;
■ Au XIXème siècle les voutes sont détruites car jugées dangereuses ;
■ En 1981, l’ancien logis des chanoines s’écroulent.
Les restaurations.
■ Les transepts Nord et Sud sont clos à une période non définie. On y voit un soubassement en pierres de taille surmonté d’un parement en silex. Seul un bout de mur est encore visible au Nord (2).
■ La façade, la nef, les deux premières travées et les contreforts ont été reconstruits en 1710. Les piliers dans cette partie de l’église et leurs chapiteaux datent de cette période et sont une copie des chapiteaux d’origine.
■ A l’extérieur on distingue bien ces différents chantiers. Les murs en briques des deux premières travées datent de cette période. On retrouve à la base de ces murs des pierres de réemploi dont des socles de colonne.
■ Après la révolution l’église sert de grange. Afin de faciliter le passage des chariots, les murs sont éventrés. Ils seront également refaits en briques.
■ Depuis 1990 une association de sauvegarde a entrepris des travaux. Les toitures ont été refaites ainsi que différents éléments de consolidation. Toutefois deux vilaines fissures au niveau du chœur risquent de mettre à terme le bâtiment en péril.
A chaque fois l’abbaye sera relevée faisant l’objet de différents travaux qui se confondent les uns avec les autres rendant sa lecture difficile au premier abord.
Description de l'édifice. La nef, d’une longueur de 31 m et d’une largeur de 8 m est constituée de 3 travées à laquelle s’ajoute la travée des transepts. On est surpris par la hauteur de l’édifice. A l’origine la nef était plus longue et possédait deux ou trois travées supplémentaires. En entrant, sur le mur de gauche, une porte du XVIIème siècle avec des moulures ouvrait sur le bas coté qui lui-même débouchait sur le cloitre.
La partie orientale de l’église est la plus ancienne. Elle se compose d’une travée droite, éclairée initialement par des baies géminées. L’alternance des retombées permet de restituer un voûtement sexpartite. L’abside polygonale à cinq pans, extrêmement élancée, était éclairée par de vastes baies en arc brisé, flanquées de colonnettes et coiffées d’archivoltes. Des contreforts à larmier soigneusement appareillés rythment le volume extérieur d’un chevet d’une grande élégance, malgré des reprises plus tardives dans l’appareillage du mur de soubassement.
Intégrées au mur sud, deux piscines sont encore présentes. Juste en dessous un tronçon de mur est constitué de pierres carrées bien calibrées et constitue peut-être la base d’un bâtiment plus ancien.
La façade actuelle date de 1713 comme l’indique la datation au-dessus de l’oculus.Le tympan de la porte a été réalisé par le maitre ébéniste Pascal Poirié.
Au-dessus de ce tympan, le blason de l’abbaye, une gerbe de blé surmontée d’une mitre, est inscrit dans un fronton en arc de cercle. Une niche à l’étage reçoit la statue de Saint-Nicolas. Son socle est décoré d’un bas-relief qui représente une barque avec deux passagers, éclairée par des rayons célestes. La niche se termine par un fronton triangulaire. Sur son linteau est sculpté une coquille.
Les sculptures. Au niveau de la toiture du chevet, côté sud, se trouve une évacuation d’eau sous forme d’une gargouille. Elle est fortement insérée dans la maçonnerie d’origine et son ancienneté ne fait aucun doute. Curieusement elle n’est pas percée.
A l’extérieur du mur nord, un puits en partie restauré est inséré dans le mur. Le bandeau inférieur de la margelle présente une rose, thème souvent repris dans les sculptures religieuses Deux culots qui supportaient des arcs doubleaux présentent des sculptures sous forme de végétaux.
Le mobilier. Si le mobilier a disparu du site, il est néanmoins présent dans deux églises voisines et témoignent de la richesse de l’abbaye à l’époque de son apogée : les stalles sont visibles dans l’église de La Houssoye, deux autels dans celle de Montjavoult.
Rédaction : Philippe Bisson 06/2021
Pour en savoir plus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Marcheroux