Amblainville : Le Château de Sandricourt
Le 4 septembre 1309, Isabeau, dame de Sandricourt, s'unit à Jean de Hédouville. Ce mariage confie alors la destinée de la seigneurie à cette famille tirant son nom de son fief entre Frouville et Chambly.
Mais c'est à l'aube de la Renaissance que l'écart de Sandricourt doit sa notoriété avec l'organisation du fameux tournoi connu comme le "Pas des Armes" Il s'agissait de "combats particuliers entrepris par un ou plusieurs chevaliers qui se proposaient de défendre contre tous venants un pas ou passage". A l'invite de Louis d'Hédouville, "écuyer d'écurie" de Charles VIII, la fine fleur de la chevalerie se retrouve au château de Sandricourt pour y être "amiablement recuz et honorablement festez" en ce mois de septembre 1493. Plusieurs milliers de spectateurs, plusieurs dizaines de tournoyeurs, toute l'intendance : "médecins, chirurgiens, apothicaires, armuriers"... burent, mangèrent et jouèrent à la guerre durant une semaine sans qu'il n'y ait eu un seul blessé... Seules les largesses de l'amphitryon mirent à mal ses finances. Il s'en remit grâce à ses actions lors des guerres milanaises. Hélas, celle de 1503 à Naples lui fut fatale. Son épouse, Françoise de Saint-Simon, alors dame d'honneur d'Anne de Bretagne, se retrouve veuve et sans enfant. Elle lègue alors la terre de Sandricourt à son neveu Jean de Saint-Simon, premier panetier de la reine Eléonore d'Autriche. Le domaine rapportait environ dix-mille livres de rente (environ 1 200 000 euros). La famille des Rouvroy de Saint-Simon le garda jusqu'en 1755. Elle appartenait au Comte de Saint-Simon-Sandricourt, Balthazar-Henri qui était le chef de brigade des Gardes du Corps du roi de Pologne ! Le domaine est cédé par lui à Catherine-Auguste de Banne, la marquise d'Avéjan. Célibataire sans enfant, elle décède au château le 19 août 1767 et la seigneurie élevée au rang de marquisat, échoit à son neveu Jean de Banne d'Avéjan. Le 25 avril 1768, le château accueille Jean-Jacques Rousseau qui est venu s'entretenir avec le prince de Conti.
Après le mariage de sa petite fille Luce, le domaine rejoint la famille du marquis Charles Hébert de Beauvoir du Boscol qui en fait "sa maison de campagne". C'est à l'époque des Beauvoir que Sandricourt devient une chasse renommée. Ils restructurent le parc sous la houlette des fameux paysagistes Henri et Achille Duchêne puis, en 1908, la propriété de 4 000 ha est achetée 300 000$ par Robert Walton Goelet.
En 1920, Robert épouse Anne Marie Guestier. Il meurt à New-York en 1941. Pendant la dernière guerre mondiale, le domaine est réquisitionné par l'occupant. Goering y chasse gibier et français tandis qu'Anne Marie, la propriétaire des lieux, s'évertuait à venir en aide aux épouses franco-américaines et à prodiguer des soins médicaux aux habitants de Sandricourt et de ses environs La légion d'honneur lui sera décernée.
Le château actuel relève du règne de Louis XVI. C'est un bel ensemble constitué d'un corps central flanqué de petites ailes en attique. On y accède par deux degrés se dirigeant vers les ailes et desservant la terrasse. A gauche s'étend un ensemble de bâtiments bordant le parterre en faisant face à la chapelle, unique vestige du château médiéval. Près d'elle commence la célèbre "Allée de la Marquise" qui courait sur 4 kilomètres. Coté jardin, une autre terrasse longe le corps central. Elle supporte douze élégantes colonnes doriques rythmant la façade.
Toujours placé sous la houlette des enfants Goelet, le domaine est consacré aux loisirs et à la chasse.
Rédaction : Th. Maille 06/2021
Pour en savoir plus :
https://househistree.com/houses/chateau-de-sandricourt