La Neuville-Garnier : Le village
La Neuville Garnier est aujourd'hui unie à Villotran et à Beaumont-les- Nonains. L'ensemble porte le nom de "Les Hauts-Talican"
"Les Hauts-Talican" se réfère à un bois centré sur le triangle dont les anciennes communes de La Neuville-Garnier, de Villotran et de Beaumont-les-Nonains sont les sommets. Nul ne connaît l'origine du nom de Talican.
La Neuville-Garnier s'est appelée "La Neuville-Messire-Garnier" jusqu'à la Révolution. Elle a été fondée par le chevalier Garnier de Hermes au XIIème siècle. Quittant Hermes, il s'installe en forêt de Thelle et essarte son nouveau territoire pour en faire une nouvelle ville. En 1204, sa présence est avérée. Au nord du territoire s'étend celui de Berneuil. Entre les deux règne un "larrys" posé sur le versant du mont Florentin. Les habitants de Berneuil (Bernolium) s'arrogeaient le droit de couper le bois de chauffe en ce lieu dépendant du domaine de la Seigneurie de la Neuville (Neufville). Un accord avait été conclu qui délimitait la portion de bois pouvant être exploitée par Berneuil au prix "d'une obole par feu". Mais les "berneuillais" ne durent pas se satisfaire de ce marché car cette question picrocholine (de peu d'importance) ne fut résolue que quelques siècles plus tard !
La Neuville-Messire-Garnier connut plusieurs seigneurs aux fiefs mouvants suivant les héritages et les ventes. Citons en 1378 Jean de Barbançon, puis par l'intermédiaire de sa fille Eustachie, à l'écuyer Jean de Ligne, mais aussi les de Neuville, Adam, Robinet et Jacques, Jean de Sachy et Pierre le Masson. Ce dernier vendit une partie de la Neuville dont le bois du Mont Nivert (Nivers) ainsi que le fief de Malassise au seigneur de Berneuil, Guillaume Dauvet. Nous sommes en 1515 et la question du larris revient d'actualité. Un accord est signé. Pierre le Masson garde les deux tiers du larris, Guillaume Dauvet le restant. L'accord ne dure pas trop longtemps. A la mort de Pierre le Masson en 1550, Guillaume Dauvet s'empare des terres de son vassal. Nouvelle querelle. Les Dauvet gardent le Mont-Nivert tandis que le Mont Florentin échoit aux Le Masson. Les seigneurs d'Auteuil Charles II, Charles III puis Gilbert de Gombaud devinrent aussi détenteurs des fiefs des Le Masson. Pour 6 000 livres, Gilbert vend la seigneurie en 1720 à un bourgeois de Paris, Charles Véron qui le revend le 27 mars 1726 au seigneur de Plessis-Charmant, Guillaume de Kessel, écuyer et conseiller du roi alors habitant à l'Hôtel des Invalides. Il entreprend de rédiger un terrier, un cadastre, et recherche tous les droits se rattachant à son nouveau domaine. L'ancienne querelle ressurgit et ne sera close que le 12 mai 1743 ! En 1748, Guillaume de Kessel vend ses possessions de La Neuville à Jean-Baptiste-Maximilien Titon. Il réunissait par héritage de son père les terres de la Neuville-Messire-Garnier à celles de Villotran. Il fit arpenter le Mont Florentin et partagea les fameux larris en deux lots égaux. Aujourd'hui, ce lieu tant discuté est géré par le Conservatoire des Sites Naturels des Hauts-de-France pour la sauvegarde de sa faune et de sa flore. Après avoir réhabilité le château de Villotran, Jean-Baptiste-Maximilien Titon réhabilite celui de La Neuville. Il a été détruit sous la Révolution ; il n'en reste que quelques ruines. Plus près de nous, en 1910, un drapeau rouge et blanc flottait au sommet de l'église. Il marquait un jalon lors de la sixième étape, Amiens-Paris, de la première course aéronautique du monde. Alfred Leblanc et Emile Aubrun passeront au-dessus de La Neuville-Garnier à bord de leur Blériot XI modifié.
Rédaction : T. Maille 03/2021