Villotran : Le village et le château
Le village de Villotran fait partie depuis 2019 de la commune nouvelle des Hauts-Talican en association avec Beaumont-les-Nonains et La Neuville-Garnier. La commune brille surtout par son château qui sera présenté en détail.
L'église avait pris la succession de la chapelle d'un château sur le lieu duquel l'actuel fut construit.
Le parc "consistait en un bois avec de belles futaies de chênes et de hêtres. Il y avait une grande allée de 36 pieds (11m) qui donnait sur le chemin de la Neuville [Garnier], terminée par des murs, des sauts de loup et des grilles en bois. Tout le devant de la maison jusqu'au bois, formait quatre triangles bordés en plates-bandes, couvertes de fleurs, les milieux "en gazon". C'est là la description d'un jardin à la française, les hâ-hâ, ou sauts-de loup, consistaient en des fossés murés sur leurs faces externes rendant les "clôtures" invisibles.
Les dépendances étaient nombreuses près de l'ancien château Louis XIII. En 1718, le domaine et son château sont vendus par le chevalier Alexandre de Gaudechart, seigneur de La Neuville-Garnier, à Nicolas Oudaille, riche bourgeois parisien, avec les droits et devoirs seigneuriaux s'y rapportant. A son décès en 1731, ce célibataire comptait trois héritiers dont sa petite nièce Marie-Louise. Elle était l'épouse de Jean Baptiste- Maximilien Titon et put acquérir le domaine. C'est ainsi que son mari devint seigneur de Villotran. En 1748, Marie-Louise meurt. Après avoir réalisé de nombreux aménagements et ameublements au château, bien qu'ils habitassent le plus souvent à Paris, le bien passa à leur fils Jean Baptiste Maximilien Pierre. C'est ce dernier qui élabora le plan terrier de ses possessions. On y apprend qu'il fit, entre autres, planter les premiers pins d'Ecosse du pays. Le château s'est aussi augmenté d'une aile et de tout le corps de bâtiments en briques. Le toit plat et la balustrade en pierres lui sont attribuables. Ce dernier seigneur de Villotran, malgré les libéralités dont bénéficièrent les villageois et des fouilles où "il ne s'est rien de trouvé de suspect", le château fut abandonné à la garde de deux domestiques. Jean Baptiste Maximilien Pierre, après un de ces nombreux procès iniques de cette triste période fut guillotiné à la barrière du Trône le 13 juin 1794 ! Son fils Charles put récupérer ses biens. En ce qui concerne le château, il l'assainit en refaisant une partie des fondations, reconstruisit en silex les soubassements et transformât le parc à l'anglaise. En 1820 il éleva en pierres de taille l'aile du sud, refit toitures et cheminées ; des caves furent creusées. Charles, qui laissa en tant que maire et châtelain un bon souvenir aux Villotranais, meurt en 1843. Son fils César et son épouse Marie-Louise Cécile Titon, car aussi sa cousine, ne fréquentent pas beaucoup le château à cause de sa charge de trésorier général de la Charente-Inférieure (aujourd'hui Maritime). Ils n'y venaient que pendant leurs vacances. Leur fils unique meurt de la typhoïde à vingt-huit ans Ses parents quittent alors définitivement Villotran. Le château est alors vendu à une société d'affaires qui s'empresse d'abattre les nombreux arbres séculaires qui ornaient le parc et la place du village. Après ce saccage, le bien fut vendu à Amédée Joly de Bammeville puis à Paul Mellon en 1897. Son épouse a étudié l'histoire du village, et celle de La Neuville-Garnier, largement utilisée pour rédiger ce texte (voir bibliographie). Dans le parc en 1909 eut lieu les essais de "L'Ouâzeau", un avion de la série "Antoinette de Levasseur". En 1954, l'aile du château fut démolie. Aujourd'hui le domaine appartient aux famille Flajoliet et Lavergne et a servi de cadre aux concerts du groupe musical d'Assas.
Rédaction : Thiéry Maille 03/2021
Pour en savoir plus :
https://tourisme-sablons-nacre.fr/decouvrez/loffre-culturelle-et-le-patrimoine-local/nos-communes-et-eglises/les-hauts-talican/visite-virtuelle-eglise-notre-dame-lorette-villotran/