Chaumont-en-Vexin : L'église St Jean-Baptiste

Vous êtes ici (voir carte)
L'édifice s'élève sur le flanc de la colline. Son accès se fait par des escaliers. Compte tenu de son installation, l'axe de la croix latine de son plan fléchit sensiblement vers la droite. Cette déviation représenterait symboliquement le Christ, la tête penchée au moment de son trépas. Elle est aussi peut-être le résultat des arrêts de construction qu'a connu l'édifice...

L'entrée habituelle se fait par le transept face aux escaliers modernes. La porte en bois est divisée en deux parties par un trumeau dont le vide actuel était occupé par une statue de Saint-Jean-Baptiste. Une moulure creuse remplie de feuilles de vigne et de grappes de raisin en décore la partie supérieure. Quant aux embrasures, elles accueillaient les statues de Saint-Jean-l‘Évangéliste et de Saint-Pierre disparues à la Révolution alors qu'au tympan, le panneau rectangulaire encadré de pilastres à chapiteaux corinthiens se trouvait affublé d'un "Le peuple français reconnaît l'Être suprême et l'immortalité de l'âme" texte lui aussi disparu dans les limbes de l'Histoire...

La deuxième voussure principale accueille quatre statuettes de chaque côté et autant de dais architecturés. La plupart des Apôtres représentés par les statuettes sont identifiables grâce à leurs attributs. Ce sont, de gauche à droite, Saint-Paul debout (glaive) ; Saint-Barthélemy (couteau, peau humaine) ; Saint-Jacques-le-Majeur (pèlerin) ; Saint-Philippe (le seul moustachu, bâton avec croix) ; Saint-Mathias ou Saint-Barnabé (hache) ; un apôtre ayant perdu ses attributs ; Saint-Matthieu (ange, livre) et Saint-Jacques-le-Mineur debout (massue) .

Au-dessus reste un remarquable petit tableau sculpté : la décollation de St Jean-Baptiste surmonté du Père éternel incliné vers la terre.
De chaque côté du panneau, des médaillons ont eux aussi perdu leur décor. Le fronton traverse une galerie d'arcades trilobées et, au-dessus, une balustrade à jour protégeant la rosace et permettant d'accéder au-dessus du déambulatoire. La rosace est enrichie d'une archivolte festonnée et présente de nombreux compartiments de cinq formes et dimensions différentes. Elle est surmontée par une autre balustrade à jour qui se prolonge autour de la nef.

A gauche du portail, une tourelle engagée accueille des niches saillantes dans lesquelles des statues résidaient. Mais le regard est attiré par une surprenante ligne de médaillons. Parmi ceux-ci, on relève un premier écu blasonné de trois pals et une étoile à six rais dans le canton, le troisième alaisé en chef ; le deuxième est un profil d'enfant réputé être le Dauphin Henri II. Séparé par un médaillon végétal, il regarde le profil sensé être celui de François Ier. Le quatrième porte une brosse elle aussi énigmatique. Cette frise pose ainsi de nombreuses questions non encore résolues.

Le deuxième pilier offre lui aussi une sculpture énigmatique. Située sous une niche vide, elle représente deux anges autour d'un ciboire ou d'un font baptismal pour R. Pillon... Elle est traversée par une litre, large bande noire qui marque le deuil d'un personnage important.

Passons à droite de l'édifice. Si nous étudions d'anciennes cartes, dont celle du cadastre napoléonien visible au Musée Raymond Pillon, on observe que l'église devait s'ouvrir sur deux tours. Une seule a été érigée. La seconde ne connut que des assises de quelques mètres qui furent démolies en 1838. L'unique tour mesure 33 m de hauteur. Elle est percée de baies ornées de moulures et ses contreforts se transforment en chapiteaux ioniens. Une large frise sculptée de palmettes tête-bêche souligne la balustrade. Pris dans la frise, un écu se révèle. Il est écartelé au 1 et 4 d'un porc-épic et au 2 et 3 de deux tourteaux. Peut-être s'agit-il des armes des « Le Porquier », une famille qui vécut à Chaumont sur plusieurs générations et en particulier Pierre, curé de Saint-Jean-Baptiste dans les années 1610 ? En haut de la colonne d'angle de la tour se retrouve l'écu à trois pals et étoile. Là, il est penché et agrémenté d'un heaume à cimier. Il peut être attribué au prieur Jean-Le-Bossu, "noble et scientifique personne" qui fut en fonction à Chaumont de 1520 à 1560 environ. Pourtant la disposition de l'écu distingue généralement un guerrier.... Mystère... Sur l'autre face, au centre de la balustrade, deux blasons en médaillon encadrent un écu plus grand, décrit comme de France aux colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit. Les deux autres ne sont plus lisibles depuis longtemps. Enfin, la tour accueille deux horloges E. Aimable, successeur du célèbre Vérité, celui de l'horloge astronomique de Beauvais.

Le porche d’entrée ouest de l’église est fermé par un portail en bois finement sculpté de trois visages, un homme mûr, peut-être François 1er de Bourbon Saint-Pol, comte de Chaumont, qui regarde un ange aux ailes déployées, sur le vantail de droite, un enfant et une femme, peut-être Adrienne d’Estouteville A droite de l’entrée a été installée récemment la pierre tombale de Nicolas Vaillant et Philippe Garçon, provenant de Saint-Martin-de-Hez dont ils étaient curés.

Le flanc sud de la nef orienté vers le village est interdit d’accès par mesure de sécurité. Il recèle de nombreux graffitis.

Voir la vidéo de l’église.

Les visites de l'intérieur de l'église sont organisées par l'Association de Sauvegarde de l'Orgue et de l'Eglise de Chaumont-en-Vexin (ASSOEC, 03 44 49 08 05) et par le Musée Raymond PILLON, (le troisième dimanche de chaque mois de mars à octobre ou sur Rendez-vous, 03 44 49 28 35).

Rédaction : Thiéry Maille 01/2020

Pour en savoir plus :
Pierre Poschadel
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Jean-Baptiste_de_Chaumont-en-Vexin Dominique Vermand
https://www.eglisesdeloise.com/monument/chaumont-en-vexin-eglise-saint-jean-baptiste/
ASSOEC http://www.sauvegarde-orgue-eglise-chaumont-en-vexin.fr/