L'allée couverte de Vaudancourt
En cheminant sur le PDIPR 15, "Paysages de Montjavout", le randonneur se trouve à la cote 139, au sortir du Bois des Bouleaux. En poursuivant la route D9, il emprunte le deuxième chemin sur la gauche. Avant le petit bois de la Remise aux Prunes, sans s'en rendre compte, il longe un des plus grand édifice néolithique de l'ensemble culturel "Seine-Oise-Marne" (S.O.M.). Il repose hélas sous terre dans les champs.
L'édifice néolithique dit des Vaux-Louvets a été découvert lorsque des soldats ont creusé des tranchées en 1915. Ils ouvrent un boyau qui traverse l'allée et envisagent d'y établir un abri. Cette initiative va conduire à la dégradation de nombreux orthostats. Un article paru le 2 octobre 1915 dans » l'Avenir du Vexin » alerte pourtant la petite communauté non enrôlée des préhistoriens locaux mais les fouilles ne débuteront assez sérieusement que dès le lendemain de l'armistice.
C'est face à un véritable ossuaire que vont se trouver ces fouilleurs. Celui -ci mesure 18 m de long, ce qui en fait la plus longue allée couverte connue attribuable à la civilisation dite S.O.M. (Seine-Oise-Marne).
Le monument s'ouvre sur un vestibule (Chambre A) de 3,30 m de profondeur sur 1,55 m de largeur. Il est borné par deux dalles sur chacun de ses cotés. Dans le fond, une cloison percée d'une ouverture circulaire de 57 cm de diamètre, ornée d'une feuillure, débouche sur la "Galerie B". Dans l'alignement du vestibule, cet ossuaire mesure 14,70 m de long. Son soutènement est assuré par dix dalles de chaque côté ; les interstices étant bouchées par des pierres sèches. Le boyau qui traverse l'ossuaire passe entre les dalles 7 et 8 sur le bord Nord et entre les dalles 18 et 19 coté Sud. Les dalles de couverture étaient effondrées, huit d'entre-elles "gisaient au fond de la galerie".
Comme l'on devait s'y attendre, le vestibule ne livra aucun reste. La Galerie était emplie de terre qu'il a fallu dégager pour découvrir les premiers ossements. Ils étaient recouverts "de pierres calcaires plates disséminées" recouverte d'une couche noire (charbonneuse ?). Les restes humains de ce premier niveau étaient éparpillés sur l'avant de la galerie. Sous eux, un deuxième dallage cachait une couche plus importante d'ossements. Leur extraction fut contrariée par une météo hivernale alternant gels et dégels peu favorable à un travail soigné.
Néanmoins environ 83 individus ont pu être recensés. Seul un squelette d'adolescent était en partie complet. Là encore, l'essentiel se trouvait accumulé dans les cinq premier mètres de la galerie. Ce sont les crânes qui ont attiré l'attention. Ce qu'il faut retenir, c'est que, comme à Flavacourt, la trépanation du vivant des individus était pratique courante. Les cicatrisations permettaient à nos ancêtres de vivre encore de longues années après les interventions. On remarque également que la déformation crânienne culturelle (cultuelle ?) était déjà pratiquée. Les anciens auteurs ne manquaient pas de calculer les "indices de céphalisation" qui classait les crânes, donc les individus, suivant cet indice. Ici, les trois intervalles statistiques existent, ce qui confirme que ce paramètre n'a aucune signification particulière.
La répartition des individus établie d'après les mandibules montre que les jeunes de moins de 18 ans représentaient 25% de la population inhumée. Les autres os confirment que les Néolithiques de cette période savaient aussi réduire les fractures.
Le Musée Raymond Pillon conserve quelques ossements qui ont dû être "offert" au cordonnier chaumontois par Léon Coutil, son parrain de la Société Préhistorique de France.
Le mobilier relevé est assez pauvre et classique. Des tessons moyenâgeux se sont même retrouvés dans le mégalithe.
Le monument, malgré son importance a été détruit en 1948 car, "pour que la France se relève", il fallait "que les mégalithes s'abaissent !". Pour une poignée de blé, un membre de la Société Archéologique de l'Oise, propriétaire du lieu, avait pensé ainsi !