L'allée couverte de Flavacourt (Champignolle)
A l'intersection du GR 125 et du circuit de randonnée suivant "les pas de Camille Pissaro", une promenade de 4,5 km (aller) permet de découvrir "l'allée couverte de Champignolle".
Au niveau de l'église St Clair de Flavacourt, la route de gauche se transforme en chemin après la station de pompage. Il serpente dans une petite vallée puis grimpe vers la Forêt de Thelle. Il faut emprunter la Route des Rideaux jusqu'au carrefour d'avec celle du Four à Chaux que l'on prend sur la gauche. Peu avant l'orée du Bois de Champignolle se révèlent les vestiges de l'allée couverte borde une sente indiquée sur un arbre. Une autre possibilité consiste à suivre la route du Petit Lincourt et de stationner au creux du vallon, après le hameau "les Petits Bus". Le monument a depuis longtemps perdu sa couverture ; elle a dû faire le bonheur de carriers ! On dispose donc des murs latéraux ainsi que de l'ouverture. Certains orthostats sont en poudingues sparnaciens, d'autres en grès. La longueur de l'allée mesure 8,40m pour une largeur d'1,80m à l'arrière de l'entrée et de 0,90 au chevet. Elle dispose d'un pronaos de 2m. s'ouvrant vers l'Est-Nord-Est. La dalle nord du vestibule est barrée d'échancrures creusées dans le grès. Elle pourrait être un polissoir ayant été réutilisé comme paroi lors de l'édification de l'allée. Deux pierres artificiellement échancrées forment le refend. Celle de droite présente une cupule sur sa face arrière ; la gauche à son sommet et sur son flanc Ouest. Le premier orthostat nord de la chambre obstrue de nos jours l'ouverture du monument. Les fouilles qui ont été réalisées en 1903 ont mis au jour trois couches archéologiques. La supérieure contenait des fragments de haches et quelques ossements humains tandis que la couche intermédiaire en était plus riche. Dans la plus profonde, "quelques géodes de silex, percées naturellement" ont été recueilles. Des puits d'extraction de silex proches devaient alimenter un atelier de taille. C'est la couche aux ossements qui retient l'attention. Les corps, au nombre d'une cinquantaine, semblaient avoir été "adossés aux parois ; ils paraissaient avoir été placés dans un certains ordre formant des lignes latérales de trois, souvent quatre. Au commencement de la deuxième dalle, [...] une ligne de six, semblant être accroupis les uns derrière les autres." nous décrit Paul Bénard, le premier à avoir étudié le site.
Parmi ces restes, un crâne a donné lieu à une communication à la Société d'Anthropologie de Paris. Il appartenait vraisemblablement à une femme. Il présente trois traces chirurgicales montrant des cicatrisations complètes. L'ossification prouve que les opérations ont été effectuées lorsque le sujet était jeune. Elles avaient donc été couronnée de succès. La marque notée C sur le croquis est celle d'une véritable trépanation. On peut imaginer les souffrances endurées par l'enfant si l'on pense que la cautérisation devait être obtenue par l'application d'un tampon de laine enflammé...
Ces opérations minutieuses ont été relativement fréquentes dans nos contrées d'où la question que se pose le Dr. Manouvrier : "Faut-il croire que cette petite région fut exceptionnellement favorisée par la présence de chirurgiens remarquables ?" L'Homme néolithique disposait d'outils suffisamment fins et durs pour réaliser ces prouesses ; les expérimentations l'ont prouvé.
Le mobilier retrouvé est varié. Parmi les classiques haches polies, les pointes de flèches et les lames, les aiguilles en os..., il faut retenir la présence d'un petit pot en céramique de 7 cm de haut, "en forme de coquetier" et de pièces de colliers. L'un d'eux était composé d'articles d'encrines* et de rondelles de nacre. Tout comme le fragment d'ambre qui a été retrouvé, il témoigne des échanges et du commerce lointain qui existait il y a 4000 ans. En revanche, une Turritella carinifera perforée, fossile lutétien répandu dans la région, est exceptionnellement utilisé en parure. Ces colliers ornaient majoritairement les enfants comme l'indique le collier à encrines.
Ce mégalithe, comme celui de Vaudancourt, a hélas été découvert trop tôt ou bien Leroi-Gourhan est arrivé trop tard !
*Les encrines sont des Échinodermes fixés au sol par une tige constituée d’articles qui, selon les espèces, peuvent avoir des formes cylindriques, pentagonales ou étoilées, ces fossiles n’existent pas dans notre région.
Rédaction : Thiéry Maille 05/2020