Gomerfontaine - Point 4 à 5

Le bord du plateau est atteint et le chemin progresse maintenant à l’horizontal autour d’une cote 140m, dans un environnement reboisé identique à celui qui vient d’être quitté : le bois de la Garenne de Bertichères. Le substrat du plateau est formé de calcaires très durs qui vont être à l’origine d’une flore singulière. La rive est du chemin ouvre rapidement sur le golfe de Bertichères. Seule la rive ouest est intéressante du point de vue botanique.

Lien vers la carte de Gomerfontaine-Compostelle

  • En sous-bois, à droite (rive ouest) sont observables :
    - le daphné lauréolé (Daphne laureola), portant des toupets de feuilles vernissées, lauréolées et de petites fleurs vertes ;
    - le daphné bois joli ou bois gentil (Daphne mezereum), arbrisseau aux fleurs roses très odorantes, naissant dès février avant d’avoir ses feuilles ; attention, toute la plante dont ses fruits rouges sont très toxiques ; très rare, protégé en Île-de-France ;
    - l’actée en épi (Actaea spicata), très rare, à rechercher (observée une seule fois), à petites baies noires toxiques ;
    - l'ancolie (Aquilegia vulgaris), légère, aérienne, assez rare, ne pas cueillir !
    - l’épipactis helléborine (Epipactis helleborine), robuste orchidée à fleurs rosâtres ; l'inflorescence est d'abord pendante puis se redresse au fur et à mesure de l'éclosion des fleurs ;
    - l'épipactis rouge sombre, (Epipactis atrorubens) ressemble à la précédente mais à fleurs nettement rouge sombre ; même remarque ;
    - la listère à feuilles ovales (Listera ovata), orchidée à feuilles en rosette basale, fleurs vertes, discrètes, mais  joliment découpées ;
    - le limodore à feuilles avortées, (Limodorum abortivum), haute orchidée, sans chlorophylle, à tige et fleurs violacées, très rare,  protégée en Picardie ; les jeunes inflorescences évoquent des pousses d'asperges, surtout ne pas cueillir !

  • Flore caractéristique des pelouses sèches calcaires*, appelées localement larris. A quelques dizaines de mètres du chemin, au niveau d’anciennes carrières ouvertes dans des calcaires (lien vers filtre géologie), nombre de ces espèces sont rares :
    - l'anémone pulsatile (Pulsatilla vulgaris), à fleur rouge violacée, très velue, rare ;
    - l'inule à feuilles de saule (Inula salicina), à fleur jaune, très rare, protégée en Picardie, ne pas cueillir,
    - la gentiane d’Allemagne (Gentianella germanica), à clochettes violacées, dressées ;
    - le genévrier (Juniperus communis), seul conifère indigène de notre région, les autres conifères sont des importations ; se raréfie par disparition progressive de son habitat (sol calcaire dénudé) ;
    - le genêt des teinturiers (Genista tinctoria), sous-arbrisseau à fleurs jaunes ;
    - la brize-amourette (Briza media), petite herbe graminée, élégante et légère ;
    - la centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa), à jolies fleurs purpurines à fleurons de deux longueurs différentes ;
    - la succise des prés (Succisa pratensis) , à inflorescences mauves, "en boules" ;
    - la chlore perfoliée (Chlora = Blackstonia perfoliata), à tiges érigées, garnies de feuilles enveloppantes et soudées et petites fleurs jaunes ;
    - l'ophrys mouche (Ophrys insectifera), orchidées à fleurs rouge pourpre, qui mime une mouche, d'aspect vernissé, espacées le long de la tige ;
    - l'orchis de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii), belle orchidée à hampe florale rose ; certains exemplaires sont à fleurs blanches ;
    - l'orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), une classique, à hampe densément fleurie, rose ;
    - l'orchis pourpre (Orchis purpurea), répandue également, hampe à fleurs blanches veinées de rouge et pétales et sépales pourpres ;
    - la platanthère verdâtre (Platanthera chlorantha), à fleurs espacées de teinte vert blanchâtre.

    *A l’époque de l’exploitation des carrières, cette zone était déboisée et pâturée pour faciliter l’extraction. Cette dénudation a favorisé l’essor de la flore si particulière des pelouses sèches calcaires ou larris. Aujourd’hui, ces surfaces anciennement dégagées sont recolonisées progressivement par des espèces arbustives pionnières (troène, viorne lantane,…) qui ferment peu à peu le milieu.
    Cette flore très intéressante n’est malheureusement pas accessible car elle se trouve en réserve de chasse privée d’accès interdit, elle est signalée ici pour son intérêt majeur.
  • REMARQUES TOPONYMIQUES ET HISTORIQUES
    - à remarquer dans la toponymie le terme "Groux" qui indiquait la présence de terres caillouteuses et calcaires propices aux vignes et donc d’un paysage probablement moins forestier au cours du XIXème siècle ; de même le mot "Garenne" suggère une zone antérieurement plus dénudée et sans doute pâturée des moutons et des … lapins ?
    - le tracé avait été parfaitement reconnu d’un point de vue botanique par Louis Grave dès 1857, dans son ouvrage intitulé "Catalogue des plantes observées dans le département de l’Oise", révisé et complété par Hippolyte Rodin en 1864.
    - Jean-Jacques Rousseau, grand amateur de botanique, a herborisé aux alentours du chemin de Compostelle lors de son séjour à Trie-Château. Il y signale déjà  la présence du limodore à feuilles avortées (voir plus haut).