Gomerfontaine - Point 1

L’abbaye de Gomerfontaine est située à mi-chemin entre Trie-Château et Chaumont-en-Vexin, au Sud de la RD 923, sur une petite route.
A l’horizon s'étendent les coteaux boisés de la Cuesta d’Île-de-France dominant des terres cultivées et des prairies.
Un vieux mur en pierre longe le chemin qui mène à une ferme.
Une rivière tumultueuse : la Troësne  entraînait la roue d'un ancien moulin préservé des aléas du temps.
Là, autrefois, s’élevait une abbaye dont l'emplacement reste inscrit sur un ancien cadastre

Lien vers la carte de Gomerfontaine-Compostelle

La situation privilégiée du site -richesse des terres, rivière, bois giboyeux et proximité de la forteresse de Chaumont- a incité l'installation d'un lieu de recueillement. Suivons-en quelques points de son histoire.

-En cet endroit,  en 1207, Hugues de Chaumont, de retour de Croisade, crée, avec son épouse Pétronille de Joigny un couvent de religieuses bernardines de l’ordre de Cîteaux ;

- En 1226, la structure est élevée au rang d’Abbaye Royale ;

- Guillemette Ière, décédée en 1248, en est la première abbesse. Très tôt, les grandes familles picardes et normandes y envoient leurs filles pour parfaire leur éducation ;

- Au fil du temps, les guerres et les incendies modifient l’aspect de l’abbaye jusqu’aux derniers grands travaux du XVIIème siècle (gravure de l’abbaye) ;

- En 1706, Madame de Maintenon, épouse de Louis XIV et grande amie de l’abbesse, Madame de Viefville, obtient du roi qu’il envoie ses gardes suisses pour agrandir l’étang, transformé en un vaste vivier, indispensable pour les nombreux moments de disette et de Carême ;

- En 1767, Jean-Jacques Rousseau se réfugie à Trie-Château. Il rend de fréquentes visites à l’abbesse d’alors, Jeanne de Nadaillac, avec laquelle il compose un motet (petite pièce liturgique chantée). Accompagné de son chien, Sultan, il arpente campagnes et bois où il herborise avec acuité ;

- Après presque six siècles d’existence, en 1792, la Révolution n’épargne pas l’édifice qui est démantelé ; des pierres de réemploi se retrouvent souvent dans les constructions alentours.


- Quelques années avant la destruction de l’abbaye : Entrons !

- Une allée, qui vient de la route de Chaumont à Gisors, nous conduit à un porche élégant. Encadré de deux colonnes, il est coiffé d’un fronton dans lequel se dessinent les armoiries de l’abbaye : une croix au pied de laquelle se tiennent la Vierge et Saint-Bernard ;

- Nous arrivons à l’église, passé le seuil, un grand autel, sobre, s’impose ;

- A sa droite,  une chapelle dite «de la Croix» ; encore plus à droite une longue chapelle consacrée à Saint-Jean-Baptiste ;

- Au sol nous marchons  sur un carreau de marbre noir où est inscrite une épitaphe portant un blason non identifié;

- Au coin de la nef, à gauche, est accroché un tableau figurant les armes des comtes du Vexin ;

- Avançons dans la petite la nef, une arcade très basse abrite un large tombeau de pierre ; Il supporte deux statues représentant un homme et une femme, vraisemblablement les fondateurs : Hugues de Chaumont et son épouse Pétronille ;

- Deux bas reliefs opposés ornent les murs de l’arcade ;

- Nous nous acheminons vers une porte qui ouvre sur le cloître, déambulatoire couvert entourant un carré de verdure soigné avec au centre un puits ;

- Plus loin, une vaste bâtisse de trois étages abrite les cellules des sœurs, le réfectoire et la bibliothèque ;

- Des étables, une grange,  un grand puits couvert et d’autres bâtiments à usage agricole complètent le tableau et témoignent de la vocation rurale de l’abbaye.
En effet, les édifices de l’abbaye sont entourés de champs cultivés, de pâturages, de potagers et de vergers bien alignés à la française, le tout en partie ceint de murs ;

- A l’extérieur du clos, se trouve le moulin qui jouxte la Troësne, seul ouvrage épargné par les outrages du temps. Appartenant au Comte de Chaumont, il fut légué en 1237 à l'Abbaye avec la pêcherie qui lui est attenante. De l’abbaye elle-même, ne subsistent que quelques rares murs rasés et des reliquats de fondation.

- La petite congrégation a compté jusqu’à 33 sœurs de Chœur qui priaient, servaient les offices et géraient l’intendance. Des sœurs converses s’occupaient des travaux plus matériels et n’avaient pas, comme on dit «voix au chapitre». S’y ajoutaient quelques employés permanents, voués à des tâches spécifiques. Enfin, des paysans des villages proches participaient régulièrement aux travaux agricoles.

- Les pèlerins de Saint-Jacques, venus de toute l’Europe du Nord par les chemins de Compostelle, étaient sans doute accueillis en ce lieu pour une halte.